lundi 24 décembre 2012

VII - Evaluer les élèves

Evaluer, d'accord, mais évaluer quoi ?
Evaluer un élève c'est évaluer la progression des apprentissages et le degré d'acquisition des compétences qu'il a atteint.
Pour évaluer une progression, il suffit de tracer la trajectoire que l'élève doit prendre et de jalonner le parcours. Plus l'élève est proche de l'arrivée, meilleure sera la note.
Pour évaluer une acquisition de compétences, chose plus simple : on liste les compétences et on donne la niveau d'acquisition : Acquis, En cours, Non acquis (On peut détailler davantage).
Pour arriver à cela il faut donc des prérequis au niveau de l'organisation du cours.
Pour le premier type d'évaluation, il faut que le cours ait un plan bien défini, une carte d'orientation : il faut savoir où l'on va et par où l'on passe, et que ce parcours soit cohérent.
Pour le second, il faut avoir déterminé les compétences que l'on voulait transmettre dans le cadre du cours et aussi imaginer de quelle manière on peut évaluer la compétence.

Or, je n'ai pas l'impression que les élèves sont évalués de cette manière dans nos écoles.

Bien (trop) souvent, le professeur zappe les fondements de l'évaluation :

  • Adaptation du support et du questionnement en fonction des objectifs de l'enseignement.
    • Le devoir manuscrit n'est pas LA solution miracle. Il est inadapté et même trompeur pour certains types d'évaluation.
  • Expliciter les consignes
    • Il faut bien que l'élève sache concrètement ce à quoi il doit réponde, et pourquoi on lui pose cette question. Cela ne sert à rien d'avoir une part de mystère ou de cacher certains éléments dans une question.
  • Expliciter les critères de notation
    • Encore faut-il que l'on sache sur quoi l'on est noté; les barèmes sont trop peu nombreux et trop souvent revisités après correction à des fins statistiques, si bien qu'il n'y a plus aucune cohérence entre la note et l'évaluation réelle.
  • Guider les élèves dans la préparation de l'évaluation
    • Les élèves doivent être préparés à l'évaluation. Le moyen le plus simple est d'effectuer avec eux un sujet similaire avec celui qu'ils devront résoudre.
Par ailleurs, j'ai été invité dans le cadre de la conférence des grandes écoles à assister à la conférence (controversée) d'André Antibi sur ce qu'il appelle la "constante macabre", c'est à dire le phénomène inconscient de constitution d'une répartition de notes suivant une loi Normale, avec pour conséquence un pourcentage systématique de mauvaises notes : la constante macabre. Les études de M. Antibi montrent bien le dysfonctionnement de l'évaluation telle qu'on la connait aujourd'hui.

Toutefois, je consens à dire qu'il y a eu des progrès en la matière ces dernières années.

Pour y remédier je vous propose quelques unes des questions auxquelles l'évaluateur se doit de répondre à chacune de ses évaluations :
Est-ce que j'ai préparé mes élèves en vue de l'examen ? Autrement dit, est-ce que les questions que je vais leur poser correspondent à ce que l'on a vu en cours et correspondent aux objectifs du cours ?
Est-ce que cette question me permet d'évaluer concrètement une compétence du cours ou de valider un jalon dans la progression de l'apprentissage ?
Est-ce que je suis capable de différencier la note à la question de manière linéaire ? (Comprendre : éviter une notation binaire)
Est-ce que le barème est clair pour l'élève ? Est-ce que le barème permet à l'élève d'identifier quelles compétences sont les plus importantes à acquérir ? Est-ce que l'élève a connaissance du barème au préalable de manière à ce qu'il puisse répartir correctement ses révisions ?
Est-ce que lors de la correction d'une copie je fais abstraction de celui qui l'a composée ? Chose toute simple : cacher le nom de l'élève sur la copie.
Comment je restitue le résultat à l'élève ? Est-ce que je lui donne les compétences à retravailler ? Est-ce que j'analyse ses erreurs ET ses réussites ?

Il s'agit donc de créer une relation de confiance avec l'élève en ce qui concerne son évaluation, de sorte qu'il n'y ait de surprise ni pour l'enseignant ni pour l'étudiant.


Parlons ensuite d’auto-formation, et donc d'auto-évaluation.
S'auto-évaluer cela fait partie de l'appropriation de son enseignement, et cela me semble intéressant dans le cadre d'ITYPA où chacun est son propre maître.
Une grille d'auto-évaluation basique consiste à remplir un tableau comme celui-ci :

Objectifs
Auto-évaluation
Avant
Après
Je suis capable...
pas du tout
a peine
presque
sans problème
pas du tout
a peine
presque
sans problème
... de
















... de

















Exemple de grille d'auto-évaluation


Remarquez qu'il n'est pas possible de faire une évaluation "moyenne", il s'agit vraiment de se positionner vis-à-vis des objectifs.
Il appartient donc au professeur (ou à l'apprenant s'il s'auto-forme) de constituer cette grille et à l'élève de la remplir... en toute honnêteté !


Pour conclure, comment peut-on évaluer en ligne ?
Il faut d'abord que l'examen s'y prête. Si la mémorisation d'une notion fait partie des objectifs, alors c'est impossible de bloquer l'accès à toute ressource. En revanche, les exercices d'auto-évaluation sur Internet sont très utilisés ! Ils sont parfaits pour l'apprentissage et lors des révisions. Ils sont notamment un outil de transparence sur l'évaluation pour le professeur.
Par ailleurs, cela devient très vite fastidieux à l'heure actuelle de faire des schémas, des croquis et des équations sur un ordinateur. On peut donc oublier, la géographie, les maths, les sciences.
Il nous reste donc tout ce qui demande à l'élève de composer, de disserter. Et donc, à moins que l'on souhaite évaluer l'élève sur sa mémorisation de notions, je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas envisageable.
Le seul souci, s'il y en a un, ce serait que les élèves pourraient tricher les uns sur les autres. Cependant, je ne crois pas qu'un élève exploite la possibilité de communiquer avec d'autres élèves dans le but de copier bêtement. Si c'est le cas, c'est qu'il n'a pas compris le but de l'évaluation. En effet, je crois que si l'on arrive à faire comprendre à l'élève que ce n'est pas grave s'il ne sait pas répondre et qu'il est bien en situation d'apprentissage, alors il n'y aucune raison pour qu'il ne réponde pas personnellement à l'évaluation.
En revanche, je n'imagine pas que l'on puisse effectuer des examens finaux en ligne, car l'examen n'est pas dans le cadre d'un enseignement mais bien une validation d'acquis à un instant donné.

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